38

NÉCROPOLES ÉTRUSQUES DE CERVETERI ET DE TARQUINIA

icona patrimonio sito UNESCO
PAYSAGE CULTUREL, EN SÉRIE
DOSSIER UNESCO: 1158
VILLE D’ATTRIBUTION: SUZHOU, CHINE
ANNÉE D’ATTRIBUTION: 2004
CRITÈRE : Les deux nécropoles constituent un témoignage unique et exceptionnel de l’ancienne civilisation étrusque. La description de la vie quotidienne représentée sur les fresques des tombes témoigne de cette culture disparue.

« Nous fîmes halte pour observer la vue s’ouvrant à
nos yeux, le lieu de l’ancienne capitale de l’Etrurie.
Nous cherchions les traces des édifices, mais on
apercevait seulement les roches qui en étaient le socle ;
il n’y avait aucune trace de murs. Debout, sur le seuil
de la ville des morts, nous cherchâmes en vain de
découvrir celle qui avait été jadis la ville des vivants. »

Il viaggiatore immaginario. L’Italia degli itinerari perduti, Attilio Brilli

À Tarquinia et Cerveteri, comme dans tous les sites étrusques, il est resté très peu de chose des temples en bois et terre cuite, et encore moins des « cités des vivants », effacées par la stratification de nouvelles villes pour de nouveaux peuples, construites au fil des millénaires les unes sur les autres. Par contre, les « cités des morts » se sont conservées : des nécropoles monumentales à l’entrée des villages ou sur les collines en face, des tombes taillées dans le tuf recouvertes de tumuli, dont le diamètre était proportionnel à la richesse de la famille. Paradoxalement, ce sont les cimetières qui restituent l’énergie vitale et l’attachement à la vie des étrusques. Ils aimaient la chasse, ils organisaient des battues suivies par de somptueux banquets, entre la bonne nourriture servie par de jeunes esclaves, les danseurs, les jeux et les luttes cruelles ; ils adoraient danser au son de doubles flûtes et d’instruments à corde, et ils aimaient s’aimer, d’un amour libre et effronté loin des contraintes catholiques. C’est ce que nous illustrent les fresques délicates qui ont résisté à la dissolution du temps, conservées in situ, dans des milieux climatiques protégés.

À NE PAS MANQUER

« Nous descendîmes dans la tombe la plus importante, réservée à la famille noble Matuta : une basse salle souterraine qui accueille une vingtaine de lits funéraires […] densément décorée de stucs polychromes représentant les objets fidèles de la vie quotidienne, houes, cordes, haches, ciseaux, pelles, couteaux, arcs, flèches, chiens de chasse et oiseaux de marais. »

Dans les premières pages du roman Le jardin des Finzi-Contini de Giorgio Bassani, en 1957 le narrateur visite la nécropole de Cerveteri lors d’une excursion dominicale avec des amis et il est surpris par la Tombe des Reliefs, qui lui rappelle un tombeau monumental au cimetière juif de Ferrare : celui des Finzi-Contini, une famille très riche marquée par un destin tragique, dispersée dans les camps de concentration.
Google Maps
Cet itinéraire part loin de Cerveteri et Tarquinia : à
1
Santa Marinella, le lieu au début du roman et lieu de la première rédaction. Santa Marinella est une agréable localité balnéaire, avec des plages adaptées au surf et le
2
Château de Santa Severa, suggestif et majestueux, baigné par les vagues de la mer. À l’intérieur du manoir, un antiquarium abrite les vestiges provenant des fouilles del'aire sacrée de Pyrgi, ainsi qu’une copie des trois célèbres lamelles d’or gravées avec des inscriptions étrusques et puniques. Les nécropoles de Tarquinia et Cerveteri se trouvent respectivement 30 km au nord et 10 km au sud du Château de Santa Severa. Dans Il viaggiatore immaginario. L’Italia degli itinerari perduti, Attilio Brilli fait une belle description de
3
Tarquinia: « Elle se présente au voyageur comme une cité médiévale relativement intacte […]. Les remparts, l’homogénéité du tissu urbain […], les portiques de raccordement entre les bâtiments, le maillage ombragé des rues […], les vues larges et lumineuses […] font de Tarquinia une ville au charme changeant et intense ». Dans le fantastique Musée Archéologique National Tarquiniese, de magnifiques objets racontent de façon impeccable l’histoire des étrusques. « La nécropole de Tarquinia est unique de par ses fresques. Mais dans l’ensemble de celle de Cerveteri émane un attrait plus fort. […] Dans le paysage de la Maremma […] un sentier serpente entre les hautes parois de tuf ; des petits chemins s’ouvrent sur les côtés, à l’ombre des roches ; le tuf est percé par l’entrée des tombes et à moitié recouvert par une splendide végétation. Au milieu s’élève un chêne. » Comme Guido Piovene dans Voyage en Italie, laissez-vous envoûter par la
4
Nécropole de la Banditaccia, qui ressemble à un village de fées plongé dans l’ombre des chênaies.

« Une quiétude particulière plane dans les
lieux étrusques où je suis allé […] C’était un
après-midi serein et ensoleillé d’avril […] mais
tout autour l’immobilité était suave et être là,
dans cet endroit à moitié affaissé, faisait du
bien à l’âme. »

« La Tombe des Lionnes est toute aussi belle.
Sur le tympan deux lionnes tachetées font
osciller leurs mamelles comme des cloches,
en s’affrontant sur les deux côtés de l’autel […].
Au-dessous, […] les dauphins sautent […]
dans la mer ridée, alors qu’au-dessus les
oiseaux virevoltent. »

Croquis étrusques, D.H. Lawrence

Tout en étant différentes, les deux nécropoles de Cerveteri et Tarquinia sont un témoignage rare du peuple étrusque, qui dans une époque lointaine a atteint un tel niveau de pouvoir qu’il ne pouvait être arrêté que par une puissance égale et opposée, celle de Rome. La Nécropole de la Banditaccia de Cerveteri est constituée d’une série de tombes couvertes par des tumulus de dimensions variées, traversée par des routes creusées dans le tuf, appelées «taillées » : un paysage irréel qui, comme le dit Lawrence, insuffle une paix lointaine des accablantes pensées sur la mort. Vous éprouverez des sensations de joie et de vitalité contrastant avec la fonction du lieu préposé au repos éternel, face aux fresques de la Nécropole des Monterozzi de Tarquinia, saisissante expression d’énergie vitale.

Écoute les podcasts

I sites italiens du patrimoine UNESCO se racontent à travers les mots de grands écrivains qui en ont célébré l'histoire et la beauté.

Écoute tous les épisodes

POUR LES PLUS JEUNES

« UN COUP D’ŒIL SUFFIT À MARTIA POUR COMPRENDRE QU’ELLE N’AURAIT PAS PORTÉ LE CHITON, LA TUNIQUE GRECQUE À MANCHES COURTES AVEC LE MANTEAU AUX BORDS NOIR ET ROUGE. ELLE PRÉFÉRAIT LA JUPE ROSE-ORANGE BRODÉE EN LONGUES BANDES, ET L’ÉPAIS CORSET EN VELOURS ROUGE AUX MANCHES À L’ORIENTALE, QUI ÉLARGISSENT LES ÉPAULES ET AMINCISSENT LA TAILLE […]. MARTIA SE REGARDA UNE DERNIÈRE FOIS DANS LE MIROIR, LE DISQUE MÉTALLIQUE PARFAITEMENT LISSE ET BRILLANT REFLÉTAIT UN VISAGE GRACIEUX, UN REGARD INTENSE. »
attività per bambini del sito UNESCO nr. 38
Cet extrait de Ragazzo etrusco de Teresa Buongiorno restitue un moment de la vie des étrusques. Malheureusement il n’est pas resté grand chose de ce peuple puissant qui a donné deux rois à Rome, les Tarquins, et qui est quasiment parvenu à la battre. Presque tout ce que nous savons découle de l’étude de leurs nécropoles, dont les plus connues sont celle de la Banditaccia à Cerveteri et celle des Monterozzi à Tarquinia. Commencez votre voyage par
1
Cerveteri. L’intérêt de la visite est de pouvoir se balader librement dans la nécropole, caractérisée par une route taillée dans le tuf qui s’insinue entre des chênes énormes et des tombes couvertes par des tumulus, dissimulées sous la végétation. C’est une restitution fidèle des cités étrusques, non seulement pour la disposition des tumulus, mais aussi pour leurs intérieurs, reproduisant les architectures domestiques. Suivez les indications et dénichez les admirables tombes avec colonnes, les lits où étaient déposés les défunts, les sièges, les architraves et les toits inclinés. La Tombe des Reliefs est la plus belle, elle appartenait à la famille Matuna. Sur les parois en stuc, ont été reproduits tous les objets d’usage quotidien d’une puissante maison de Chisra. Ensuite, rejoignez le
2
Musée National Archéologique Cerite pour voir les objets retrouvés, mais surtout pour admirer le Cratère d’Euphronios, un vase ayant un diamètre de cinquante centimètres décoré avec le corps du troyen Sarpédon et deux silhouettes ailées, Hypnos et Thanatos, qui le ramènent dans sa terre natale. Puis arrivent les tombes peintes de
3
Tarquinia. Les plus spectaculaires sont celles des Augures, des Léopards, des Lionnes, des Jongleurs, des Taureaux et la Tombe de la Chasse et de la Pêche. Terminez avec la Nécropole des Monterozzi, visitez le très amène
4
centre de Tarquinia, avec ses tours, ses palais et ses places avec un grand nombre de restaurants agréables ainsi que le
5
Musée Archéologique National: il s’agit d’un magnifique espace didactique contenant des objets de grande valeur à l’intérieur d’un édifice du XVe siècle.
sito UNESCO nr. 38 in Italia
SUGGESTIONS DE LECTURE

Lectures conseillées pour découvrir les nécropoles de la Banditaccia et des Monterozzi.

  • Croquis étrusques, D.H. Lawrence (1932). David Herbert Lawrence, auteur du célèbre L’amant de Lady Chatterley (1928), a écrit Etruscan Places lors d’un séjour en Italie. Ce livre posthume ne contient pas seulement une description des sites archéologiques étrusques tels qu’ils étaient présentés au début du XXe siècle, mais également un témoignage des conditions de l’Italie de Mussolini offert par un regard étranger.
  • Voyage en Italie, Guido Piovene (1957) Piovene a voyagé pendant trois ans dans le « Bel Paese » pour écrire ce reportage détaillé, considéré comme étant un classique de la littérature de voyage italienne. Des Alpes à la Sicile, en passant par Cerveteri et Tarquinia, le regard de l’auteur est une invitation à découvrir nos merveilles.
  • Le jardin des Finzi-Contini, Giorgio Bassani (1962). Le livre s’ouvre sur une excursion à Cerveteri. La Tombe des Reliefs dans la Nécropole de la Banditaccia rappelle au narrateur l’histoire des Finzi-Contini de Ferrare. Le jardin de la maison parentale devient un refuge pour les jeunes protagonistes, une sorte de microcosmos à l’abri de la réalité externe et des lois raciales devant lesquelles la famille ne parviendra pas à se sauver. Le roman explore des thèmes tels que l’amitié, l’amour, la perte et l’isolement, offrant un regard profond et touchant sur la vie des juifs durant cette période tumultueuse
  • Il viaggiatore immaginario. L’Italia degli itinerari perduti, Attilio Brilli (1997). Brilli a été professeur de littérature angloaméricaine à l’Université d’Arezzo, il s’est occupé de livres de voyage anglophones, notamment du mythe du Grand Tour. En 1997, pour tracer les itinéraires évocateurs de l’Italie centrale, il s’est inspiré des grands touristes.
  • Andare per l’Italia etrusca, Valerio Massimo Manfredi (2016). Le célèbre écrivain de romans historiques s’essaye dans un voyage à travers la fascinante civilisation étrusque. Avec son talent habituel, Manfredi transporte le lecteur dans une époque mystérieuse et intrigante, en dévoilant les détails de la vie quotidienne, de la religion, de l’art et de la politique des étrusques.

Littérature jeunesse :

  • Ragazzo etrusco, Teresa Buongiorno (2014). Le roman se déroule à Véies, cité étrusque conquise par les romains en 396 av. J.-C., après 10 ans de siège.
mockup libro patrimonio sito UNESCO

Téléchargez le livre numérique et plongez au cœur des 60 sites UNESCO italiens à travers les mots de grands auteurs de la littérature italienne et mondiale.

  CHAPITRE UNIQUE PDF   LIVRE COMPLET PDF   LIVRE COMPLET EPUB